- Vie académique
Une nouvelle administratrice pour la Faculté de médecine
Depuis le 1er mars, Emma Acampora a succédé à Christina Bouldin à la fonction d’administratrice de la Faculté de médecine en charge des ressources humaines et des budgets. Rencontre à l’occasion de ce passage de témoin.
Numéro 52 - mars 2025

Christina Bouldin, quelques mots sur votre parcours jusqu’à la Faculté de médecine?
CB: Après des études en physique à l’Imperial College London, j’ai effectué un bref passage par Reuters puis ai rejoint la Société européenne de physique pour superviser la création d’une nouvelle revue scientifique, Europhysics Letters. Ensuite, changement de cap : j’ai eu l’opportunité de devenir l’administratrice de la Section de physique, à la Faculté des sciences de l’UNIGE où j’ai découvert le monde académique et son fonctionnement. Onze ans plus tard, en 2004, cette expérience m’a permis de prendre la fonction d’administratrice de la Faculté de médecine, en charge des RH et des budgets. En 21 ans, ce poste s’est beaucoup transformé au fil des évolutions de l’institution, ce qui a contribué à rendre ces années complexes et passionnantes.
Emma Acampora, biologiste de formation, vous êtes adjointe scientifique à la Faculté de médecine depuis quelques années. Qu’est-ce qui vous a attirée dans le poste d’administratrice?
EA: Après une dizaine d'années dans la fonction d’adjointe scientifique, j’ai vu ce poste comme un défi et une évolution naturelle. En effet, en secondant le vice-doyen à l’enseignement pré-gradué, j’ai pris de plus en plus de responsabilités et d’indépendance, en étant aussi force de proposition. Je me sentais prête à rejoindre ce poste stratégique, que je connaissais un peu au travers de nombreuses collaborations avec Christina. Je perçois ma nouvelle fonction comme un rôle de facilitatrice, permettant de transformer les idées en actions et de rendre les projets réalisables.
Vous avez toutes les deux fait des études scientifiques. Un avantage dans une faculté comme la nôtre?
EA: Avoir l’expérience de la recherche et des ses contraintes, de même que de la vie quotidienne dans un laboratoire, permet en effet d’avoir une vision plus complète des enjeux. Nous avons une certaine sensibilité pour les difficultés de gestion, budgétaire notamment et les dynamiques particulières du monde scientifique.
Christina, de votre point de vue, quelles ont été les changements majeurs en 20 ans?
CB: Sans aucun doute, la numérisation grandissante, qui a profondément transformé la façon de travailler. A mon arrivée, par exemple, les votes au Collège des professeur-es se faisaient par bulletin papier, que nous collections dans des urnes et que nous dépouillions ensuite à la main. Maintenant, tout est électronique. Si les processus sont ainsi simplifiés, cela a aussi engendré une accélération des demandes, une parcellisation de l’attention dont il faut pouvoir se détacher pour ne pas s’éparpiller et rester efficace. Aujourd’hui, les sollicitations sont constantes – on se doit de répondre rapidement, et on attend la même chose de nos interlocuteurs et interlocutrices!
La fonction d’administratrice m’a amenée à collaborer étroitement avec les quatre doyens qui se sont succédé. Or, chacun a forcément ses propres priorités stratégiques, qu’il faut savoir accompagner. Le milieu hospitalo-universitaire est en outre très exigeant; l’un des enjeux du poste est ainsi d'assurer la pérennité de certaines pratiques et le respect de certaines règles tout en promouvant les développements innovateurs et accompagnant les changements.
La Faculté de médecine – la 2e de l’UNIGE en taille – compte plus de 2000 membres du personnel pour un budget annuel de près de CHF 200 millions. Une grosse machine à piloter?
CB: En effet! Et l’une des évolutions marquantes de ces dernières années réside dans l’augmentation de fonds privés externes par rapport aux fonds publics. Le monde de la recherche se diversifie et les partenariats avec le privé sont de plus en plus nombreux. L’année dernière, nous avons ouvert plus de 360 fonds, avec ce que ça implique en termes de gestion comptable, d’émission de contrats de travail et de suivi du personnel. La Faculté de médecine dépend cependant d’une suprastructure – l’Université. L’un des défis du poste d’administratrice est aussi de se faire le porte-voix des besoins propres à la médecine pour contribuer aux décisions de l’institution.
Parlons d’avenir: quels sont les principaux enjeux qui se profilent?
CB: Ils sont nombreux, à commencer par les coupes budgétaires linéaires demandées par l’Etat, et ses répercussions sur nos activités. Le statut précaire d’une partie du corps intermédiaire est l’une de nos préoccupations majeures : comment stabiliser certains postes sans prétériter la formation doctorale? Et plus largement: les formations que nous offrons ici sont-elles en adéquation avec les besoins de l’économie comme de la société?
EA: La question des ressources humaines sera pour moi centrale, avec un accent particulier sur la formation et le développement des compétences. Par exemple, il est essentiel d’accompagner et pouvoir former efficacement les équipes lors de l’introduction de nouveaux outils. Sinon, on subit, ce qui n’est bon ni pour les employées et employés, ni pour l’institution, si elle veut se maintenir dans des sphères d’excellence.
Il est également important de pouvoir identifier et valoriser les talents pour leur permettre d’évoluer. Un tel accompagnement, à chaque étape de la carrière, permet d’entretenir la motivation, l’envie de travailler, d’expérimenter, d’évoluer. Ayant moi-même bénéficié de ces opportunités, je souhaite aujourd’hui poursuivre et encourager une politique RH ambitieuse et bienveillante. Un défi imminent est le projet G’Evolue, la réforme du système d'évaluation des fonctions et de rémunération du personnel de l'Etat de Genève, qui s’inscrit également dans cette stratégie. Y prendre part dès ses premières étapes—avec une échéance fixée à fin 2027—offre l’opportunité d’identifier les enjeux, d’anticiper les défis et de saisir les opportunités qu’il représente.
CB: Plus largement, l’une des grandes questions sera aussi la gouvernance de l’Université. Les décisions sont de plus en plus remises en question. Sociétalement, le rapport à la hiérarchie et aux organes décisionnels se modifie profondément. Cela peut être bénéfique, mais cela crée aussi une certaine instabilité et obligera à inventer de nouvelles manières d’organiser les relations entre les différentes sphères de l’institution.
Christina, vous quittez vos fonctions dans quelques semaines. Que gardez-vous de vos années à la Faculté de médecine?
CB: Un de mes plus grands plaisirs a été de travailler avec les autres, de faire équipe pour faire aboutir un projet. J’ai probablement découvert ce plaisir partagé au fil de mes années ici. Finalement, le travail en équipe s’apprend, mais quelle récompense! L’un des défis qu’il me reste est de transmettre à Emma ce dont elle aura besoin, sans la surcharger pour qu’elle puisse à son tour jeter un regard neuf sur les dossiers dont elle a la charge. Qu’elle puisse s’appuyer sur l’historique sans que pèse sur elle le poids du passé!
Et vous avez déjà des projets pour la retraite?
CB: Je suis prête pour l'étape suivante! Quelques voyages sont déjà prévus, mais pour la première fois depuis très longtemps, j’aimerais prendre la liberté du temps et des découvertes. Et aussi me donner la chance de continuer à apprendre et à me développer, mais autrement.
Interview d'Emma Acampora à découvrir dans notre nouvelle rubrique
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Emma Acampora: bio express
Titulaire d’un Master ès Sciences en biologie de l’environnement de l’Université de Naples «Parthenope», Emma Acampora rejoint le CERN dans le cadre d’un projet visant à évaluer son impact environnemental et établir sa conformité aux normes nationales et internationales. Elle rejoint la Faculté de médecine de l’UNIGE en 2013, d’abord au sein du Département des neurosciences fondamentales, puis, dès 2014, en tant qu’adjointe scientifique pour l’enseignement pré-gradué. A cette fonction, elle a renforcé ses compétences managériales et financières, ainsi que dans le développement de cadres réglementaires et stratégiques propres au milieu académique. Dans ses nouvelles fonctions, elle contribuera à l’élaboration de politiques institutionnelles et à la coordination efficace des ressources.