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L’IA fait son entrée en médecine de premier recours

Si l’intelligence artificielle (IA) s’implante en radiologie ou en oncologie notamment, on pense moins aux usages qui pourraient en être faits en médecine de premier recours. Or, plusieurs projets sont en cours de développement aux HUG et à la Faculté de médecine. Trois exemples mettent en perspective les évolutions que permettra l’IA dans la pratique de la médecine.

Numéro 52 - mars 2025

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© iStock

En quelques années seulement, l’IA est en passe de révolutionner de multiples domaines de la médecine, pour toutes sortes d’usages comme l’interprétation des images ou la sémantique des données. Et la médecine de premier recours ne fait pas exception. «L’IA a la capacité d’ajouter des outils très performants au couteau suisse des médecins de première ligne», indique Idris Guessous, vice-doyen de la Faculté de médecine, médecin-chef du Service de premier recours et responsable du Centre de l’innovation des HUG, qui supervise le développement de plusieurs projets d’IA dans son service. «En les déchargeant de certaines tâches ou en les aidant à analyser de manière intégrée toutes sortes de paramètres, les médecins pourront ainsi se concentrer sur leurs patientes et leurs patients tout en favorisant leur autonomisation. Paradoxalement, ces outils que l’on perçoit comme désincarnés contribuent à replacer les patientes et les patients au centre de l’attention.»

Améliorer les fiches de consultations, l'accès à une information vérifiée, ou encore la gestion et les flux, l’IA travaille pour une médecine de premier recours plus efficace, plus ciblée sur les malades, et plus en adéquation avec les besoins et les attentes de la population. «Ces nouvelles manières de travailler vont avoir un impact sur la formation», souligne Idris Guessous. «L’IA s’intègre dans le contenu du curriculum afin de préparer la future génération de médecins à la réalité de ce métier en transformation, mais aussi dans les modalités d’enseignement. Nos étudiantes et étudiants ne nous ont d’ailleurs pas attendus pour cela!»

Le domaine de la santé est encore sur la réserve face aux outils d’IA. Pourtant, ils constituent de tels progrès pour la pratique médicale qu’ils deviennent incontournables. Ces projets s’appuient sur des solutions existantes adaptés aux besoins, ce qui permet d’en maîtriser les coûts et accélérer leur mise en œuvre pour un impact réel et rapide tant pour les professionnelles et professionnels de santé que pour les patientes et les patients.


L’IA pour mieux accueillir les patientes et les patients consultant sans rendez-vous  

Ce projet, porté par le Dr Hervé Spechbach, vise à utiliser l'intelligence artificielle pour améliorer l'anticipation des flux aux urgences. Dans les unités d'urgence ambulatoires, le volume de patients fluctue en fonction de l’heure, du jour, mais aussi de la météo ou des événements sportifs et de bien d’autres facteurs. «Anticiper les besoins en personnel est toujours une gageure», souligne Hervé Spechbach. «On navigue toujours un peu à vue, sans toujours pouvoir anticiper et adapter les ressources en fonction de la demande.»

Le projet consiste donc à utiliser toutes les données de flux de patient-es croisées avec tous les autres éléments pouvant avoir un impact sur la fréquentation des urgences ambulatoire pour que l’IA puisse prédire le flux à 24h00, à une semaine, puis à 15 jours pour prévoir le personnel ainsi que d’autres aspects logistiques (besoin d’examens complémentaires par exemple) le mieux possible. De plus, le simple fait d’avoir une vue sur les pics aide les équipes à affronter les phases de stress que l’on sait passagères. Le projet, si financé, sera testé aux urgences ambulatoires des HUG.


ConfIAnce, le chatbot d’information médicale sur les maladies chroniques

Développé pendant une phase de deux ans et disponible à toutes et tous depuis début février, «» est le premier chatbot de médecine générale en Suisse. Cette solution innovante et intuitive propose des réponses fiables avant, pendant et après les consultations.

Une trentaine de maladies chroniques courantes comme l’anémie, la dépression ou le rhume des foins sont répertoriées. Pour chacune d’elles, il est possible de poser des questions (bientôt dans la plupart des langues) et d’obtenir une réponse fiable immédiate. «L’IA devient ainsi un complément consultable n’importe quand, laissant plus de temps lors des rendez-vous médicaux pour les discussions essentielles entre les médecins et les patient-es», explique Mayssam Nehme, cheffe du projet. «Elle permet de poursuivre la conversation entre deux consultations en interagissant avec le chatbot de manière fluide.»


Optimiser les téléconsultations

Les HUG ont déjà développé un outil de téléconsultation, HUG@home. Ce projet consiste à y ajouter des outils d’IA qui analyseront le son des voix (puis, peut-être à terme, les images des visages) pour y détecter des changements d’humeur, des signes de stress ou de dépression qui pourront alerter tant les usagers et usagères que les médecins qui les suivent. Ce projet pourrait s’adresser aux 30'000 étudiantes et étudiants de l’UNIGE qui auront alors accès à des télé-consultations et, si elles et ils le souhaitent, un retour sur ce que détecte l’outil de leur état psychique. 

«Lors d’une consultation en personne, les médecins analysent automatiquement les attitudes, les mouvements et la manière de parler de leurs patient-es», indique Olivia Braillard, responsable de ce projet. «Nous espérons pouvoir faire de même en télé-consultation et ajouter un élément de suivi aux patient-tes. La population étudiante, souvent soumise au stress, est en demande de tels outils qui permettront de mieux gérer la santé psychique et de conseils personnalisés qui accompagneront l’analyse par IA.»

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