- La Faculté autrement
«La nature, miroir de notre humanité» une fresque onirique sur les murs du CMU
Depuis janvier, les sept tableaux composant la fresque «Nature, miroir de notre humanité» ont pris place dans le couloir du 3e étage du bâtiment AB, à proximité du secrétariat des étudiant-es. Un souffle poétique porté par le Décanat et réalisé par l’artiste veveysane Tami Hopf.
Numéro 52 - mars 2025

© photo: Olivier Zimmermann, UNIGE | fresque: Tami Hopf
Si le Centre médical universitaire (CMU) est un magnifique outil dédié à la formation et à la recherche biomédicale, son aspect quasi industriel, aux plafonds traversés de tuyaux métalliques, peut manquer de chaleur. «Symboliquement, le CMU représente un facette très technologique de la médecine», relate Antoine Geissbuhler, doyen de la Faculté de médecine. «En habillant quelques-uns de ses murs blancs, nous souhaitions faire entrer en résonnance l’hypertechnologie contemporaine et les valeurs humanistes qui sont au cœur de nos métiers.»
Tami Hopf, peintre, illustratrice et tatoueuse, a une affinité particulière pour l’art porteur de sens. «Au travers de mes tableaux, j’aime m’engager pour des projets qui correspondent à mon éthique personnelle et mes intérêts philosophiques», explique-t-elle. «L’art est pour moi un langage qui permet de partager et de dialoguer. C’est essentiel, dans un monde où même la communication se dépersonnalise.» C’est d’ailleurs une série de fresques réalisées par Tami Hopf à l’Hôpital de Rennaz qui a touché l’équipe décanale. «L’hôpital est un lieu très particulier, où l’on traverse souvent des moments très durs. Mon désir était d’y apporter un peu de poésie et d’évasion.»
Nature et humanité se répondent
Dans sa proposition, l’artiste a souhaité mettre en évidence les relations entre les êtres humains, mais aussi leur interdépendance avec la nature, souvent malmenée. «Loin d’une approche littérale de la médecine, mon parti pris a été de me concentrer sur des concepts philosophiques», détaille-t-telle. «La pratique médicale change, le lien émotionnel et humain se distend. J’avais donc envie de ramener une réflexion sur l’humanisme derrière l’acte médical, et le risque de le perdre. C’est pourquoi j’ai mis en avant, dans mes peintures, le fondement-même de la relation: le contact, les regards, le toucher, le temps que l’on prend pour écouter l'autre. Et aussi revenir sur les tout premiers temps de la médecine, où la nature fournissait les premiers remèdes.»
Ce lien avec la nature correspond d’ailleurs à l’une des dimensions majeures du plan d'action du Décanat, la responsabilité environnementale. Dans l’enseignement d’abord, avec la création du programme longitudinale en santé planétaire, puis au travers d’un nouveau projet sur la responsabilité environnementale de la recherche. Le CMU étant en effet l’un des bâtiment à l’impact environnemental le plus élevé des bâtiments publics de l'État de Genève, une réflexion s’impose.
Allégorie de l’interrogation
A la fois douceur, légèreté et force évocatrice, cette fresque a aussi pour but de provoquer la réflexion. «Nous vivons une époque de recherche de sens, dans la société en général comme dans le domaine de la médecine et des sciences», souligne Antoine Geissbuhler. «Des défis s’ouvrent à nous notamment concernant nos responsabilités envers la société. Ce projet rejoint ainsi l’un des axes essentiels de la stratégie de la Faculté de médecine: comment redonner du sens à face à une certaine désillusion d’une partie des médecins et des scientifiques? L’une des réponses réside peut-être à recréer du lien, que ce soit entre médecins et patient-es, ou dans la transmission des savoirs. C’est une manière de travailler, de créer et d’être ensemble.»
Cette fresque s’inscrit également dans une démarche de l'Université de Genève qui prévoit de réaménager les espaces pour leur donner plus de convivialité et être plus à l'écoute des usagers et usagères. L’espace Atrium, inauguré l’année dernière, est un bel exemple de lieu qui donne envie d'y échanger, de travailler ensemble, de partager des moments. La fresque, quant à elle, marque une première étape visant à faire entrer l’art dans le CMU.
Découvrez le making off de cette œuvre
Les sept tableaux en détails:
Tami Hopf en quelques mots
Tami Hopf est une artiste-peintre, illustratrice et tatoueuse d’origine brésilienne installée à Vevey. En quelques traits subtils en noir, blanc et doré, elle crée des univers oniriques et surréalistes qui explorent les liens entre la nature et les émotions humaines. S’exprimant aussi bien sur d’immenses fresques murales que sur quelques centimètres carrés de peau, elle s’impose comme une figure montante de la scène artistique contemporaine.
Insta: @tami_hopf