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Ce séminaire propose de réfléchir aux enjeux de création et de réception d’une œuvre matrice dans les études de genre : celle de Monique Wittig. La correspondance (adressée à ses amis écrivains et à ses éditeurs) occupe plusieurs cartons des archives Wittig déposées à la Beinecke Rare Book & Manuscrit à l’Université de Yale et à la BNF. Elle fait état du rôle et du statut d’une femme auteure, évoque les raisons de son exil américain lié à un contexte politique français difficile, et questionne les modèles culturels et politiques dominés par des représentations normées.

Double visée de la formation : 

• Etudier un pan déterminant de l’histoire du féminisme contemporain
• Acquérir une connaissance approfondie des concepts clés des études de genre que Wittig théorise   
• Entrer dans une œuvre littéraire par la lecture et l’écriture. Les étudiant.e.s sont invité.e.s à situer un savoir et à produire des textes de fiction à partir de l’œuvre de Wittig dans le cadre d’un atelier d’écriture valorisé par des lectures- performatives

Objectifs pédagogiques visés

• définir les caractéristiques principales des études de genre
• connaître l’histoire du féminisme et ses vagues successives
• maîtriser les concepts clé chez Wittig (« catégorie de sexe », « patriarcat », « hétérocentrisme », « lesbienne », « femme marron », « marxisme » etc.)
• dégager les idées maîtresses qui soutiennent La Pensée straight et décrire les fondements de l’argumentation qui amène Wittig à penser que « les lesbiennes ne sont pas des femmes »
• formuler les questions qu’elle soulève en termes de masculin et de féminin
• exposer les apports spécifiques apportés à cette théorie par divers auteur.e.s contemporains
• analyser chaque auteur.e.s à partir de quatre notions : la sexualité, le corps, la norme, le pouvoir
• comparer et contraster les auteur.e.s contemporains avec les travaux de Wittig
• établir des connexions entre le mouvement #metoo et les Etudes genre

Développements prévus

Ce séminaire permettra :

• d’étudier les archives Wittig (lettres de Marguerite Duras, Nathalie Sarraute, Sandie Zeig, Jérôme Lindon, POL) autour des axes : sexualité, art et littérature. L’auteure du Corps lesbien a trouvé dans la création artistique et théorique un espace d’expression qui mêlent les questions de savoir et pouvoir autour du sujet lesbien.
• Produire des textes autour du rapport entre genre (épistolaire) et genre (identité sexuelle). Penser la façon dont le genre littéraire et la question des identités permettent de comprendre une auteure et une époque (1970-1990 : décennies où la production théorique française et américaine mobilisent fortement les notions de genre et sexualité).
• Restitution finale des textes des étudiant.e.s et des lettres de Wittig adressées à ses amis écrivains et éditeurs à l’issue de la formation.

Objectifs pédagogiques visés

• connaître et exploiter les outils de la dramaturgie (voix, personnages, contexte, paratexte, espace, déplacement, dénarré, silence, etc.)
• articuler les ressemblances/dissemblances entre théorie et fiction (voir Wittig)
• manier les nuances de l’écriture genrée 
• penser l’écriture inclusive
• iscerner et produire des textes contenant les caractéristiques spécifiques de plusieurs genres littéraires (roman, poésie, épopée, essais, comédie, drame, etc.)
• explorer l’originalité et l’individualité de son style personnel
• créer des formes polymorphes et originales sur la base des textes d’auteur.e.s   étudié.e.s
• inclure et marier imagination et réflexion dans un texte de création
• donner forme, voix et mouvement à un texte personnel
• intégrer son texte à celui d’un.e autre
• recréer, ajouter, une nouvelle forme à un texte préexistant.

Plus spécifiquement, il s'agit:  

• d’envisager Wittig en suivant son propre sillage, entre pratique littéraire et théorique. 
• d’entrer dans une langue et un style si particulier en partant, comme l’écrit Judith Butler dans Trouble dans le genre, de la « triade » corps, genre et sexualité - particulièrement à l’œuvre dans Le Corps lesbien, L’Opoponax et Virgile, non. 

Les participant.e.s sont amené.e.s à déchiffrer les codes d’un « Chantier littéraire » aux formes polymorphes (romans, poèmes, épopée, dictionnaire, essais) et produire à leur tour un texte théorique, fictionnel et ou non-fictionnel. 

• Comprendre comment se construit une narration en faisant intervenir la notion de personnages et de non-personnage - élément si important pour les auteur.e.s du Nouveau roman. Ce mouvement littéraire n’est d’ailleurs pas étranger à Wittig. En effet, à la publication de son premier roman L’Opoponax (couronné par le prix Médicis), Sarraute, Simon, Robbe-Grillet ont chaleureusement salué le livre. Duras, si avare en compliments, ne cache pas son admiration : « L’Opoponax est un livre à la fois admirable et très important parce qu’il est régi par une règle de fer, celle de n’utiliser qu’un matériau descriptif pur, et qu’un outil, le langage objectif pur »

En 2025, nous prévoyons d’aborder l’histoire contemporaine des Etudes Genre à partir de l’étude d’une œuvre littéraire, philosophique et militante déterminante pour le développement de la pensée en France et aux Etats-Unis. En mobilisant les archives, il s’agira de dévoiler les réseaux intellectuels de Wittig, et saisir sur le vif le travail de la pensée. 

Les prolongements de Wittig dans l’extrême contemporain ont donné lieu à des publications d’inédits et des rééditions en poche (Le voyage sans fin, Gallimard, coll. L’imaginaire, 2022, Paris la politique, POL, 2023) ainsi que des lectures publiques (Le voyage sans fin, Maison de la Poésie, Paris, 2022), Le Corps lesbien, Bétansalon (Centre d’Art et de Recherche, Paris, 2023), Le corps Gouin, pique-nique Wittig avec Rébecca Chaillon et Wendy Delorme (Université de Genève, 2023), Elles disent (lecture avec les participant.e.s de l’Atelier d’écriture Wittig à la MRL, Genève, 2024). 

Nous inciterons les étudiant.e.s à aborder conjointement la réflexion théoriques et la création littéraire à travers un séminaire, un atelier d’écriture, et une lecture-performative.

Enseignement ouvert aux étudiant.e.s de Bachelor et Master

Le séminaire (2h) et l’Atelier d’écriture performative (3h)peuvent être suivi de façon indépendante.
Nombre de crédit : 4 par enseignement

Pour le séminaire

Attestation de présence qui nécessite une participation active sous la forme d’un exposé OU
Compte-rendu d’une conférence OU
Travail écrit comptant pour une attestation (8 pages)

Pour l’atelier 

Validation d’une démarche de création

Le séminaire et l’atelier d’écriture s’inscrivent dans le module en Études Genre de la Faculté des lettres.

Les étudiant.e.s ont la possibilité de choisir le séminaire ou l’atelier.