Service de soutien à la recherche : Interview du Dr Romain Cartoni

Pour leurs recherches, les chercheurs et chercheuses de l’UNIGE peuvent se tourner vers le Service de soutien à la recherche (SSR) récemment réorganisé. Rencontre avec son nouveau directeur, Romain Cartoni.
Quels sont le rôle et le fonctionnement du Service que vous dirigez ?
Le SSR est un service rattaché au Rectorat, mais est avant tout proche des chercheurs et des chercheuses de toutes les facultés et de tous les centres et à leur service, dès le post-doctorat. Notre objectif est simple : leur permettre de se concentrer sur la recherche. Le SSR aide donc les scientifiques à obtenir des financements appropriés et à alléger leur charge administrative. Il est donc très important pour nous de garder un lien fort avec toutes les facultés, afin de répondre spécifiquement à leurs besoins. Le SSR doit, selon moi, jouer un rôle clé pour harmoniser le dialogue entre l’administration et les scientifiques qui est souvent difficile. J’ai vécu ces difficultés de communication dans toutes les institutions que j’ai fréquentées dans ma carrière de chercheur, aussi bien en Suisse qu’aux États-Unis. Notre travail consiste donc autant à faire comprendre les procédures administratives aux chercheurs et chercheuses, que de faire comprendre aux administrations leur façon de travailler, notamment lié au contexte compétitif de la recherche. À cette fin, le Service a la chance de pouvoir s’appuyer sur 17 personnes, presque autant d’hommes que de femmes, hautement spécialisées dans la conception, la gestion et le soutien de projets de recherche.
Sous votre impulsion, le SSR a été réorganisé. Pourquoi ?
Après une enquête de satisfaction faite en 2022, il est apparu clairement que notre activité d’information, de conseil et de soutien devait être plus en phase avec les besoins des chercheurs et chercheuses. Le SSR s’organise donc désormais en cinq pôles : projets individuels, projets collaboratifs, infrastructures, innovation et observatoire de la recherche.
Le pôle « individuel » soutient des outils de financement impliquant une seule personne, souvent responsable d’un groupe de recherche, comme les encouragements à la carrière ; le pôle « collaboratif » concerne des projets impliquant des partenaires suisses ou étrangers pour former des consortiums de recherche, petits ou grands. Le pôle « infrastructures » s’occupe de tout ce qui concerne le développement et les financements des infrastructures de recherche impliquant l’UNIGE, comme les plateformes scientifiques ou les centres technologiques partagés entre plusieurs institutions. Le pôle « innovation » s’occupe de promouvoir l’innovation auprès des chercheurs et chercheuses, et de tisser des liens avec les partenaires de recherche privés comme les PME. En tant que bureau régional d’Euresearch, ce pôle soutient également le tissu économique du canton (entreprises et associations) dans ses activités de recherche et dans leurs demandes de financement.
Enfin, « l’Observatoire de la recherche » s’occupe d’informer et de conseiller les scientifiques sur les nouvelles approches de l’évaluation de la recherche comme les CV narratifs, la diversification des critères pris en compte lors de l’évaluation des candidats et candidates, les scientific advisory board (SAB) pour les entités de recherche. De plus l’Observatoire optimise le pilotage de la recherche en fournissant aux facultés, aux centres interfacultaires ainsi qu’au rectorat des données sur le financement de la recherche au fil des années, notamment en développant des outils numériques performants.
Concrètement, comment le SSR aide-t-il les chercheuses et chercheurs ?
Le soutien conceptuel, administratif et procédural que le SSR apporte aux chercheurs et chercheuses peut intervenir à tous les stades d’un projet. Dès la genèse d’un projet, nous explorons avec le ou la scientifique le meilleur outil de financement en fonction des caractéristiques du projet et du stade de carrière. Beaucoup de scientifiques nous contactent une fois le projet accepté et là, les procédures d’acceptation du subside requièrent souvent un soutien administratif. De plus, nous organisons des séances de coaching pour les candidat-es sélectionnées pour les interviews dans le cadre des instruments de soutien à la carrière comme les Ambizione, les ERC/SNSF starting, consolidator ou advanced grants.
En ce qui concerne, le programme Horizon Europe, qui demeure accessible pour de nombreux types de projets collaboratifs, le Service est très impliqué dans la phase de négociation, jusqu’à la signature de contrats et d’accords de partenariat, comme c’est le cas également pour les projets soutenus par des bailleurs de fonds privés (notamment des fondations). Une fois les contrats signés et le projet lancé, nous intervenons plus épisodiquement, pour établir avec les scientifiques les rapports administratifs et scientifiques ou pour apporter d’éventuels changements aux contrats.
Nous conseillons de nous solliciter le plus tôt possible lors d’une candidature à un fonds compétitif. En effet, la charge administrative peut décourager les chercheurs et les chercheuses et les empêcher de se concentrer sur leur tâche principale qui est de construire le projet de recherche le plus compétitif possible. Notre but est donc de les soulager de cette charge en garantissant que leur demande remplit tous les critères du bailleur de fonds et de l’UNIGE. De plus, il est toujours plus facile de corriger d’éventuelles erreurs tôt dans le processus et quand le service est familier avec le projet.
Pour la recherche de financements, un nouvel outil est depuis peu accessible via le site web du SSR, Pivot-RP. Pivot-RP est une plateforme innovante qui donne accès à une multitude d’appels à projets et envoie des recommandations filtrées selon le profil et les intérêts de chacun-e.
Et plus particulièrement, quelle aide pour la recherche à la Faculté des sciences ?
La Faculté des Sciences de l'UNIGE se distingue par sa structure avec ses huit sections indépendantes et spécialisées dans divers domaines. Elle est un grand pourvoyeur de fonds à l’UNIGE, grâce à ses chercheurs et chercheuses de haut niveau ainsi qu’à sa dynamique remarquable. Par exemples, elle héberge des NCCRs très novateurs comme Swissmap et PlanetS, mais aussi les structures pérennisant des NCCRs comme le Laboratoire de Technologie Avancée (LTA), le Scienscope, le centre iGe3, la plateforme ACCESS. Ses scientifiques jouent un rôle majeur dans d’important consortiums nationaux et internationaux (l’Institut Suisse de Sciences Pharmaceutiques de Suisse Occidentale (ISPSO), le Cherenkov Telescope Array Observatory (CTAO), le Square Kilometer Array Observatory (SKA), le Graphene Flagship et le Quantum Flagship, le programme SWEET, etc., ainsi que dans des infrastructure de pointe (SwissSIMS, Dubochet Center for Imaging, etc.).
Nous offrons un large éventail de services à ses scientifiques, du soutien au développement de carrière et aux activités post-retraite en passant par le support administratif nécessaire au transfert des fonds de recherche d’une nouvelle recrue. Il est clair que la Faculté des sciences occupe beaucoup notre service et nous en sommes ravis ! le SSR a longtemps été perçu comme un service très élitiste, principalement occupé au montage de projets de recherche complexes impliquant des montants importants. Je tiens à souligner que ce n’est absolument pas le cas : nous traitons tout types de questions et nous sommes au service de tous les chercheurs et de toutes les chercheuses. Le SSR est là pour fluidifier les processus et rester à l’écoute, notamment aux besoins de la relève académique. Il ne faut pas hésiter à nous contacter.