2012: La Peine de mort de l'Antiquité à aujourd'hui: doctrines, pratiques et représentations
Le 26 octobre 2012 se tiendra la seconde journée d'études DAMOCLES intitulée "La peine de mort de l'Antiquité à aujourd'hui: doctrines, pratiques et représentations. Lieu : Salle B111 (UNIGE, Rue de Candolle, Bâtiment central, 1er étage). Accueil : 08h45-09h00
EXILER, TAXER, METTRE À MORT ET ENFERMER : avec des déclinaisons temporelles différentes, ces quatre modalités punitives sont universelles dans les sociétés occidentales anciennes, modernes et contemporaines. La « mort comme peine » appartient donc depuis toujours à leur arsenal punitif, comme le montre notamment la pendaison infamante et publique des servantes ayant pactisé avec les prétendants qu’ordonne et exécute Ulysse à son retour à Ithaque. Coutumière chez les Anciens et au Moyen Âge selon des modalités et des contentieux propres à ces sociétés de citoyenneté et d’ordres, pivot d’intimidation de la souveraineté moderne et du pénal hégémonique dans la culture du supplice public et expiatoire qui monte en force depuis le XVIe siècle avec le monopole pénal de l’État absolutiste, déclinant lentement au temps des Lumières sous l’impact d’un pragmatisme des usages et d’un libéralisme pénal, qu’incarnent par exemple Cesare BECCARIA et Jérémy BENTHAM , maintenue comme la « simple privation de la vie » à côté de la prison dans le code pénal (1791, 1810), entrant depuis le XIXe siècle dans une phase d’abolition légale dans les États démocratiques, la peine de mort - publique en France jusqu’en 1939 comme expression spectaculaire de la souveraineté punitive particulièrement exacerbée sous l’Ancien régime – disparaît définitivement au XXe du régime pénal européen en restant légale dans maints États, dont les États-Unis, la Chine, le Japon ainsi que de nombreux régimes islamistes. Aujourd’hui, l’abolition universelle de la peine capitale est prônée par l’Union européenne. Bien souvent d’ailleurs, l’histoire de la mort comme peine est celle de son abolition plutôt que de celle ses usages étatiques. Cette seconde journée d’études de l’équipe DAMOCLES vise à penser dans une approche comparatiste la culture de la peine capitale pour en montrer la place institutionnelle, les dimensions doctrinales et les supports idéologiques dans les cultures juridiques, la philosophie pénale, les pratiques et les sensibilités depuis l’Antiquité jusqu’à aujourd’hui. Infliger au nom de la loi la mort implique des techniques et des usages du corps dont les régimes d’historicité évoluent du corps à corps entre le « patient » et l’exécuteur (enfouissement, noyade judiciaire, supplice de la roue, pendaison, garrot et aussi dans une certaine manière décollement) au machinisme et mécanismes industriels de la guillotine, de la chaise électrique (1890), de la chambre à gaz (1924) et de l’injection létale (années 1980). Depuis le médecin GUILLOTIN et le chirurgien LOUIS, rétentionnistes mais concepteurs « éclairés et philanthropiques » de la guillotine contre les supplices anciens, l’idéologie du progrès scientifique, parfois médicalisée au nom de l’euphémisme du châtiment « indolore », légitime la mort comme rétribution du crime. Les spécialistes d’histoire et de sociologie de la justice pénale réunis pour cette journée d’étude discuteront les usages et les doctrines de la peine capitale selon divers contextes temporels, géographiques, juridiques et culturels pour en montrer les continuités, les ruptures, les similitudes et les divergences. Cette journée d’études est liée au cours (La mort comme peine: doctrines, pratiques et représentations, XVIe-XIXe siècles) et au séminaire de recherche (Mourir sur l'échafaud sous l'Ancien Régime: Archives, histoire, édition) en histoire moderne.
Michel Porret, Équipe DAMOCLES (UNIGE, Département d’histoire générale, Unité d’histoire moderne).
12 oct. 2012