La formation comme levier de la participation des adultes : défis et mises en oeuvre
PRESENTATION DE LA JOURNEE
Dans le champ de la formation des adultes, le terme de « participation » peut être défini de différentes manières, selon les perspectives théoriques, pratiques ou personnelles adoptées. La participation à la formation peut être mise au service de mouvements « d’inclusion », « d’intégration » ou encore « d’insertion » des personnes qui sont considérées comme ne l’étant pas suffisamment.
La participation véhicule souvent des valeurs positives liées à la volonté de donner une place à chacune et chacun dans une dynamique de reconnaissance de la diversité, soutenant des visées d’autonomisation, d’apprentissage, de développement, d’émancipation ou de démocratisation. Mais ces pratiques ne s’imposent pas naturellement et elles impliquent des prises de risques. Elles se confrontent aussi fréquemment à des antagonismes entre les discours prescrits et les réalités mises en œuvre. Au-delà des intentions déclarées, la participation en formation des adultes demeure un objet controversé et traversé de valeurs et d’idéologies elles-mêmes négociables.
Comment (re)penser aujourd’hui la participation des publics dans les pratiques de la formation ? Comment utiliser les potentialités de la formation pour accroître la participation des adultes à la vie sociale ? Comment développer des dispositifs de recherche en formation qui donnent une place aux personnes concernées ?
La journée d’étude permettra d’explorer ces questions à travers différents contextes de formation et grâce à la présentation de recherches, de dispositifs de formation ou de projets qui s’inscrivent dans ce mouvement de soutien à la participation ou de mise en discussion critique de ces pratiques.
Chercher et enquêter autrement : la participation pour revitaliser les sciences et la société
La recherche participative, la co-recherche, la co-enquête ou la recherche-action sont des manières d’apprendre collectivement à agencer différemment les savoirs et les pratiques. Mêler savoirs scientifiques, savoirs expérientiels, savoirs pratiques et savoirs représentationnels (recherche arts-sciences) engage l’ensemble des acteurs dans une aventure transformatrice de leurs identités sociales et professionnelles. En naviguant entre John Dewey et Bruno Latour, c’est tout un continent de dispositifs à inventer qui émerge et interroge les institutions de formation pour leur permettre de donner aux acteurs - chercheur·es, agents des services publics, artistes, membres d’ONG, d’association et de syndicats – les moyens de coopérer et de mutualiser leurs savoirs. Nous aborderons au travers de divers exemples dans les domaines de la santé, de l’écologie et de la culture comment ces formes de recherche peuvent contribuer à revitaliser à la fois les épistémologies et la démocratie, dans le cadre d’une nouvelle alliance entre sciences et société.
« Un café comme métaphore » : la reconnaissance, cœur d’une participation émancipatrice
L’approche participative et émancipatrice que j’exposerai se fonde sur les concepts d’horizontalité, de réciprocité, et surtout de reconnaissance. Il s’agit de reconnaître le pouvoir dire, le pouvoir agir et le pouvoir se raconter des personnes en formation – soit aussi valoriser autant le savoir expérientiel que le savoir académique. Il s’agit encore de mettre en œuvre les multiples facettes d’une vraie reconnaissance mutuelle : estimer ses vis-à-vis ; approuver leur condition de semblable en leur offrant le témoignage de notre propre humanité ; démontrer notre conscience des asymétries de pouvoir, de places et de droits entre eux et nous ; leur exprimer de la gratitude. Une telle approche se nourrit de la pensée de philosophes et d’anthropologues, mais aussi de l’éducation populaire et des enseignements de « la pédagogie des opprimés ». Elle requiert en outre des formateurs – et c’est loin d’être le plus simple – le deuil d’une position de maîtrise. Des expériences réalisées dans de très divers champs de pratique viendront illustrer et étayer mes propos : auprès de communautés du Sud global (Nicaragua, Bosnie-Herzégovine, communautés migrantes vivant en Europe, personnes de chez nous à l’aide sociale de longue durée), auprès de formateurs d’adultes dont des enseignants de français langue seconde dans diverses associations, auprès d’étudiants de l’Université de Lausanne pendant 24 ans dont certains ont participé avec moi à la co-écriture d’un livre intitulé Un café comme métaphore.
Conception participative des étudiants avec les formateurs dans la conception des scénarios de simulation médicale
Une séance de simulation médicale typique se décline en trois phases, le briefing, la mise en situation des formés sur la base d’un scénario conçu par les formateurs et le débriefing, étape fondamentale du dispositif, notamment par la réflexion qu’elle encourage auprès des participants.
Le but de cet atelier est :
- d’interroger l’évidence souvent accordée à cette organisation typique, en particulier à la phase de débriefing, considérée comme le moment clé de l’apprentissage et développement des formés ;
- de faire expérimenter comment la conception d’un scénario permet de l’ancrer dans des problématiques réelles et actuelles rencontrées par les participants, mais aEnregistrerussi de favoriser l’émergence d’un espace-problème riche et la création de solutions innovantes en lien avec la thématique abordée.
L’engagement des patient·es dans la formation en santé : Qui ? Pourquoi ? Comment ? Et ce n’est pas tout !
Cet atelier a pour objectif de réfléchir à l’engagement des patient·es dans la formation en santé à partir des cadres conceptuels issus de ce champ de pratique et de recherche. Il s’agira aussi de penser aux facteurs influençant cet engagement et aux enjeux, notamment éthiques, de ces pratiques. Cet éclairage sera appuyé par des exemples issus de notre propre pratique à la Haute école de santé Vaud (HESAV) et de notre recherche de doctorat en formation des adultes (Université de Genève, en cours). L’atelier aidera les participant·es à transposer la réflexion sur l’engagement des bénéficiaires finaux et finales à leurs propres contextes professionnels et réfléchir aux spécificités de ces derniers.
Les conditions de la participation dans la formation en compétences de base
Le domaine de la formation en compétences de base s'adresse à des adultes peu scolarisés et/ou peu qualifiées pour des cours d'alphabétisation, de lecture et écriture, de français langue étrangère/d'insertion, de calculs de base et de compétences numériques de base.
Une recherche portant sur les compétences numériques de base (DORA) a montré plusieurs obstacles à la participation active des personnes en formation, tant du côté des institutions que des formateur·trices et des apprenant-es en formation.
Cet atelier permettra de dialoguer à partir des pratiques des participant-es le cas échéant et d’observations issues de la recherche. Le but n’est pas de faire porter la responsabilité des difficultés de la participation ni sur les participant-es ni sur les formateur·trices mais sur les conditions de la participation. Travailler sur ces difficultés et sur les conditions nécessaires à la participation nous permettra d'interroger tant le sens de ces enseignements que les choix pédagogiques parfois implicites, qui s'appuient fondamentalement sur la forme scolaire.
Inclusion et participation des personnes en situation de handicap par la formation et le travail
La création de dispositifs de formation professionnalisant à destination de personnes en situation de handicap se développe actuellement. Ces dispositifs de formation favorisent la participation des personnes concernées et les accompagnent à monter en compétences. Ceci leur permet par la suite de s’engager dans une activité professionnelle et contribue ainsi à une inclusion par la formation et le travail. L’atelier s’intéresse à la participation des personnes en situation de handicap dans ces dispositifs de formation. Les participants à l’atelier chercheront à identifier quelles sont les opportunités d’apprentissage des personnes concernées, comment favoriser leur participation, et quelle est leur participation à ces dispositifs. L’atelier sera centré sur un dispositif de stage à destination de formateurs et formatrices en situation de handicap mis en place dans le cadre d’un projet commun avec l’association ASA-HM et le laboratoire RIFT de l’Université de Genève.
2 avr. 2025
Journées d'étude