Saint Pierre, dorsal, rangée nord des stalles de l'ancienne abbaye de Saint-Claude

Jean de Vitry
vers 1445-1449
Cathédrale de Saint-Claude, France, Jura (prise de vue Jérome Mongreville, Inventaire du patrimoine, Région Franche-Comté)
sculpture sur bois (noyer), haut. 175 cm
Autour de 1440, Genève devint un centre important de création de stalles. L'atelier du sculpteur Jean de Vitry joua un rôle essentiel dans le développement de ce savoir-faire local. Il créa un type particulier de mobilier, caractérisé par des dorsaux sculptés en bas-relief figurant des personnages dressés en pied sur des consoles et placés sous des arcatures. L'oeuvre faisait l'objet d'une polychromie partielle, mettant en valeur les seules parties essentielles (carnation, inscriptions, armoiries, ...). Ce type, connu sous le nom de "stalles savoisiennes", resta propre à la production genevoise et savoyarde jusqu'à la Réforme.
Les Bénédictins de Saint-Claude, dans le Jura
français, commandèrent vers 1445 à Vitry leur mobilier de chœur qui fut
achevé en 1449. Il s'agit de la seule œuvre bien documentée à ce jour de
son atelier. Il faut cependant mettre en doute l'authenticité de son
portrait sculpté sur une jouée comme celle de l'inscription et de la
date (1465) qui l'accompagnent. L'appréciation des stalles de
Saint-Claude est en outre rendue difficile en raison des transformations
successives dont elles ont fait l'objet, notamment lors de
l'intervention des années 1869-1872 confiée aux sculpteurs Alexis
Girardet et Charles Robelin. De plus, un incendie survenu le 26
septembre 1983 détruisit en quasi totalité la rangée sud, reconstituée
depuis.
On peut supposer la présence à Saint-Claude de sculpteurs de
haut niveau, probablement d'origine franco-flamande, dont l'activité a
pu être repérée également à Genève à la même époque. En effet, c'est
certainement à l'atelier de Vitry que la "Nation florentine" commanda
les stalles de la chapelle qu'elle avait fondée vers 1445 dans le chœur
de l'église des Cordeliers. Ces sculpteurs, qui étaient au fait de
certaines des innovations de l'ars nova flamand, ont enrichi les pratiques jusque-là plus traditionnelles de l'atelier de Vitry.
Cette oeuvre fait partie d'une
série d'images choisies et commentées spécialement pour ce site par les
enseignants de l'Unité d'histoire de l'art. Elles ont en commun d'avoir
un lien avec Genève, que leur auteur y ait vécu, qu'il y fasse allusion
dans son oeuvre ou que celle-ci y soit conservée.