Une foison de compétences transversales
Lors de la dernière rencontre du 16 avril, les questions des doctorantes et doctorants ont mis en évidence qu’il était souvent difficile d’identifier les compétences transversales, les soft skills, tant recherchées par les employeurs et employeuses et acquises pendant un doctorat. Pourtant, celles-ci ne manquent pas, quel que soit le domaine de recherche. «Le monde professionnel hors de l’académie valorise volontiers les personnes qui ont appris la démarche scientifique», indique Patrick Seuret, chargé de la gestion des risques et de la qualité à l’État de Genève et titulaire d’un doctorat en chimie de l’UNIGE. «On sait qu’elles vont prendre du recul face à n’importe quel problème pour l’appréhender dans sa totalité et l’analyser avant de tenter de le résoudre.»
Le (post)doctorat permet aussi d’apprendre à apprendre, facilitant l’acquisition de nouvelles connaissances, favorisant l’esprit critique et développant la capacité à discuter ses résultats. De plus, en plaçant les personnes aux commandes de leur propre projet, le doctorat favorise l’autonomie et la capacité à hiérarchiser les problèmes par ordre d’importance. Enfin, chaque doctorat apporte son lot d’expériences ratées et de papiers rejetés. «Ces difficultés sont très formatrices, car elles forcent les personnes à être résilientes, mais aussi à se montrer créatives pour les surmonter», souligne encore Patrick Seuret.
Miser sur des atouts supplémentaires
Pour Ilias Pnevmonidis, responsable conseil de la divison Group Compliance chez Pictet et titulaire d’un doctorat en droit de l’UNIGE, les compétences transversales des doctorats ne sont cependant plus suffisantes. Pour se démarquer des autres candidat-es, il faut aujourd’hui profiter de toutes les opportunités offertes afin d’acquérir des compétences supplémentaires. «Je conseille par exemple à tout le monde de devenir un-e expert-e en réseautage pendant le doctorat. N’hésitez pas à aborder vos collègues durant les séminaires, les conférences ou les événements, et ajoutez-les sur LinkedIn. Vous pourrez les recontacter ensuite lorsque vous en aurez besoin.»
Les employeurs et employeuses valorisent aussi la participation au monde associatif. Que ce soit l’organisation d’événements, l’encadrement d’une équipe pour un projet, la gestion financière de l’association et même la collaboration avec d’autres personnes, ces expériences sont autant de points importants dans le curriculum vitæ.
Afin d’acquérir des compétences supplémentaires, les doctorant-es et postdoctorant-es peuvent bénéficier d’un panel de cours proposés par l’UNIGE et la CUSO (Conférence universitaire de Suisse occidentale) et développés spécifiquement dans ce but.
Il faut anticiper ses futurs besoins professionnels, que ce soit pour rester dans le monde académique ou pour opérer une transition. Car plus la réflexion se fait tôt, plus les compétences pertinentes auront le temps d’être développées.
Au moment de la postulation
La soirée s’est terminée sur le sujet des postulations. Car même en ayant accumulé une grande quantité de compétences lors d’un doctorat, il y a des risques qu’elles ne correspondent pas complètement à celles requises dans une offre d’emploi. Pour Ilias Pnevmonidis, il faut postuler même si on ne correspond pas à 100% au profil demandé. «Premièrement, parce que l’entreprise peut disposer d’un poste autre que celui proposé dans l’annonce et qui nous convient davantage, mais aussi parce que les entreprises tendent à valoriser les profils atypiques.»
Au moment de l’entretien, il faut alors mettre en avant l’ensemble de ses compétences. Patrick Seuret ajoute: «Pour l’écriture de la thèse, il faut être capable d’intégrer tout ce qui gravite autour de son propre sujet. Ce principe s’applique aussi aux entretiens : il faut toujours répondre plus qu’à la question qui nous est posée.»