Cette prise de position à propos d’une votation, relativement inédite de la part du milieu académique, s’explique par le traumatisme de février 2014. Contre toute attente, cette année-là, l’initiative «contre l’immigration de masse» est acceptée par 50,34% des votants, provoquant l’exclusion de la Suisse des programmes de l’UE. Résultat : les étudiantes et étudiants des hautes écoles suisses ne peuvent plus participer directement aux programmes de mobilité Erasmus+, la place scientifique suisse perd des fonds européens ainsi que la possibilité de participer et de coordonner certains projets. La part des financements obtenus s’effondre de 4,3% à 2,2% et celle des coordinations tombe à 0,3%, la Suisse reculant du 7e au 24e rang. Aujourd’hui, les niveaux de 2013 n’ont toujours pas été retrouvés: alors que la Suisse pointait à la 9e place en termes du nombre de participations, elle a chuté à la 11e.
Pas question cette fois de se laisser prendre de court. L’appartenance de la Suisse à l’espace scientifique européen est essentielle pour les hautes écoles. Mais les enjeux se situent bien au-delà: «Il en va de la prospérité du pays», renchérit Yves Flückiger, recteur de l’UNIGE et président de swissuniversities, faîtière des hautes écoles. En Suisse, un emploi créé sur cinq l’est dans le domaine spécialisé et scientifique. Le succès des pôles d’innovation qui se développent autour des hautes écoles a un impact direct sur l’économie et il se répercute aussi sur la qualité de vie dans le pays.
La recherche c'est l'échange
À titre d’exemple, le recteur cite le cas d’Isabelle Eckerle, responsable du Centre de recherche sur les maladies virales émergentes à Genève, qui a joué un rôle central dans la lutte contre le nouveau coronavirus. Son laboratoire a été en mesure de mettre très rapidement au point un des premiers tests diagnostiques dès le 16 janvier 2020. Durant les premiers temps de la pandémie, le centre a ainsi été chargé de réaliser les tests de confirmation sur tous les échantillons prélevés en Suisse. Isabella Eckerle est née il y a quarante ans à Spire en Allemagne. Elle a commencé à s’intéresser à ce type de virus en 2011, lorsqu’elle travaillait à Berlin, dans l’équipe d’un spécialiste mondial du coronavirus. C’est grâce aux échanges entre les deux laboratoires que les tests diagnostiques ont été mis au point en Suisse.
Signe de l’importance du sujet, le scrutin du 27 septembre provoque également une importante mobilisation du côté des étudiant-es. Co-auteure de l’opinion parue dans Le Temps, l’Union des étudiant-es de Suisse a publié un à ce sujet. Elle a également relayé ces dernières semaines la campagne menée sur les réseaux sociaux par le . Ce dernier souligne dans son communiqué les menaces que fait planer l’initiative sur l’avenir de la Suisse et de ses jeunes employé-es et étudiant-es.
Afin d’informer au mieux la communauté académique sur les enjeux de ce scrutin, le Global Studies Institute de l’UNIGE organise pour sa part une table ronde le 18 septembre, avec la participation de René Schwok (prof. UNIGE), Yves Nidegger (conseiller national UDC), Ada Marra (conseillère nationale PS), François Schaller (journaliste, ancien rédacteur en chef de PME Magazine et de L’Agefi) et Michel Matter (conseiller national Vert’libéraux). Le public et les étudiants sont conviés à poser leurs questions à la suite des débats.