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16 décembre 2020 - VM

Parutions

Bousbir, entre imaginaireexotique etviolence de genre

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Bousbir – le «quartier réservé» de Casablanca – fut enson temps la plus grande maison close à ciel ouvert dumonde. Construit en 1923 sur ordre de l’administrationfrançaise, dans un style qui se voulait pittoresqueet oriental, cet ensemble urbain visait à répondre aux «besoins» des troupes coloniales. C’était aussi uneattraction incontournable pour les touristes de passage.Jusqu’à sa fermeture, ce sontau total 12'000 très jeunes femmes «indigènes» qui y ont vécu et officié, dansdesconditions proches du travail forcé. En 1955, elles furent expulsées du quartier oùelles furent remplacéespar des soldats marocains de retour de la guerre d’Indochine.Aujourd’hui, Bousbir est un quartier populaire,très aimé de ses habitant-es mais oùon n’évoque guère ce passé sulfureux. Au croisement de l’histoire colonialeet de lagéographie urbaine, ce livre raconte et donne à voir le passé et le présent de Bousbirau moyen dedocuments historiques mais aussi de deux séries de photographies. Lespremières ont été prises par DeniseBellon en 1936. Les secondes, qui leur renvoientun écho décalé par le temps, sont l’œuvre de MelitaVangelatou qui les a réalisées àla fin des années 2010. Bel objet éditorial, l’ensemble interroge l’articulationentrel’architecture et la sexualité, la modernité et l’orientalisme, l’imaginaire exotique etla violence de genre.Il tente de concilier le devoir de mémoire et la nécessité de vivreen paix dans les lieux marqués parl’histoire.

Jean-François Staszak et Raphaël Pieroni
«Quartierréservé»
Georg Éditeur2020
206 p.

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