Le prix 3R de l’UNIGE récompense l’idée de remplacer les souris par des amibes
Le prix 3R de l’±«²Ô¾±±¹±ð°ù²õ¾±³Ùé récompense cette année une recherche publiée le 2 mars 2018 dans la revue Scientific Report par Thierry Soldati, professeur associé au Département de biochimie (Faculté des sciences). Dans cet article, il est rapporté que son équipe utilise des amibes infectées pour trier au préalable des composés anti-infectieux. Cela lui permet de réduireÌý considérablement le nombre de tests qui devront ensuite être menés sur des souris de laboratoire.
Remis cet automne au chercheur genevois et à ses collègues Valentin Trofimov, Sébastien Kicka et Nabil Hanna, le prix 3R distingue et valorise depuis 2016 une chercheuse ou un chercheur de l’±«²Ô¾±±¹±ð°ù²õ¾±³Ùé de Genève pour sa contribution aux principes des 3R – acronyme pour réduire, raffiner et remplacer. L’idée est de réduire le nombre d’animaux utilisés dans l’expérimentation scientifique, de raffiner la méthodologie pour minimiser les contraintes subies par l’animal tout en améliorant la qualité des résultats obtenus, et de remplacer le modèle animal par des méthodes alternatives quand c’est possible.
La première ligne de défense du système immunitaire humain est constituée de cellules macrophages. Cette variété de globules blancs est capable de distinguer ce qui appartient à l’organisme de ce qui lui est étranger afin de l’éliminer. Mais dans certains cas d’infection, comme la tuberculose, ces macrophages n’arrivent pas à terminer leur travail et à éliminer les bactéries. Il faut alors les aider en administrant des antibiotiques.
La pharmacopée mondiale d’antibiotiques contre le bacille de la tuberculose est cependant de plus en plus souvent mise en échec à cause de l’émergence de bactéries résistantes. La réponse passe donc par le développement de nouveaux composés chimiques, naturels ou de synthèse. Pour sélectionner des antibiotiques, l’industrie pharmaceutique teste leur efficacité directement sur la bactérie de la tuberculose mais la vaste majorité de ces composés échouent lorsque la recherche se poursuit sur des cellules ou des animaux infectés.
l’équipe de Thierry Soldati permet de réduire d’un facteur de 10 à 100 le nombre d’individus nécessaires lors du passage à l’expérimentation animale
L’un des enjeux consiste donc à trouver un moyen permettant de mettre de côté le plus rapidement possible les composés qui ne soignent pas l’infection chez l’animal. Un objectif qui est justement celui du système mis en place par Thierry Soldati. Le dispositif joue en effet le rôle de filtre et prédit de façon fiable quels composés seront les meilleurs anti-infectieux.
Les amibes en sont l’élément central. Ce sont des organismes unicellulaires des sols de forêt qui se comportent de manière comparable aux macrophages. Tous deux utilisent les mêmes «outils» pour identifier et tuer une bactérie et peuvent être infectés par les bactéries de la tuberculose.
En partant de 180 composés aux effets antituberculeux, les chercheurs ont montré que seuls 5% d’entre eux continuaient à donner des résultats sur l’amibe infectée et restaient éligibles pour la phase suivante, le test sur des animaux infectés. Grâce à cette sélection, l’équipe de Thierry Soldati permet de réduire d’un facteur de 10 à 100 le nombre d’individus nécessaires lors du passage à l’expérimentation animale. —
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La recherche alternative est à l’honneur
Professeure assistante à l’Institut des sciences pharmaceutiques de Suisse occidentale, Patrycja Nowak-Sliwinska a reçu, le 13 décembre, le prix 3R de la Société suisse pour l’étude des animaux de laboratoire. Cette distinction récompense le travail d’une chercheuse ou d’un chercheur permettant de «réduire», «raffiner» et/ou «remplacer» l’utilisation d’animaux par des méthodes alternatives. Patrycja Nowak-Sliwinska a créé un modèle en trois dimensions de la tumeur d’un patient à partir d’une culture cellulaire. Cette méthode permet d’effectuer des tests thérapeutiques et d’éviter le recours à l’expérimentation sur des animaux.
Carole Bourquin, professeure à la Section des sciences pharmaceutiques, a, quant à elle, reçu le Prix 2019 de la Fondation Egon Naef pour la recherche in vitro. Elle a été récompensée pour avoir mis au point une technique permettant de réduire de 20% le nombre de souris nécessaires à la recherche sur les nanoparticules en immunothérapie.