Ce flair qui place nos sens en alerte
ÌýPhoto: Musée de la main/UNIL_CHUV
Le monde de l’olfaction est bien connu des chercheurs du Centre interfacultaire en sciences affectives (CISA)puisqu’il représente la continuation du Pôle de recherche national «Sciences affectives», au cours duquel ils ont notamment entrepris des recherches entre les émotions et les odeurs en collaboration avec l’entreprise Firmenich. Lorsque le Musée de la main a envisagé de réaliser une exposition sur cette thématique, c’est donc tout naturellement vers leur expertise qu’il s’est tourné.
Au palmarès de la valeur que nous accordons à nos sens, l’odorat est bien souvent relégué en queue de peloton. Et les sciences, symbole de la raison, ne font pas figure d’exception envers cette faculté, hautement émotionnelle. Organisée comme un parcours olfactif au travers de nos états affectifs, l’exposition est jonchée de citations démontrant le peu de considération que bien des grands esprits ont daigné lui accorder.
L’odeur d’un plat avarié, d’un prédateur ou encore celle que dégage un incendie mettent nos sens en alerte
Les postes mettent en évidence, et en valeur, les différentes fonctions de l’olfaction. «Elle est évidemment très liée à tout ce qui touche à l’alimentation, explique Géraldine Coppin, chercheuse au CISA. Une odeur peut nous ouvrir l’appétit. Mais lorsque l’on se trouve devant une assiette restée un peu trop longtemps dans le frigo, c’est bien souvent notre nez qui nous décide à consommer son contenu ou à le jeter. Ce qui nous fait passer à une autre fonction: l’évitement d’un danger. L’odeur d’un plat avarié, d’un prédateur ou encore celle que dégage un incendie mettent nos sens en alerte. Enfin, l’odorat entre également en jeu dans la communication sociale: nos odeurs corporelles seraient à même d’indiquer notre état affectif et de santé. Pour toutes ces raisons, la perte de l’odorat au cours de la vie constitue bien souvent un véritable handicap.»
Au travers de diverses expériences, l’exposition s’attelle également à démontrer à quel point une odeur et les émotions qui lui sont associées sont des constructions culturelles. En effet, l’odorat s’éduque et évolue au gré de nos expériences. Et la richesse du vocabulaire pour en rendre compte varie fortement suivant les langues: les Malaisiens ont par exemple un lexique en la matière bien plus développé que celui des Anglo-Saxons. Une constatation qui a également des implications pour les scientifiques: «En psychologie, la palette des émotions est parfois résumée en quelques grands types, poursuit Géraldine Coppin. Lors de nos recherches, nous nous sommes rendu compte que cette catégorisation ne fonctionnait pas et nous avons dû développer un outil permettant de décrire spécifiquement les sentiments évoqués par des odeurs.»
Un outil que les visiteurs découvriront au gré d’une des nombreuses expériences proposées tout au long du parcours. En exprimant les émotions ressenties face à une odeur bien précise, tout un chacun aura ainsi l’occasion de faire avancer la science tout en comparant son ressenti à celui de l’ensemble des participants à l’étude.
Exposition réalisée avec le soutien du programme Agora du FNS