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6 mars 2025 - UNIGE

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Le débat européen s’invite à l’UNIGE

Deux figures politiques de premier plan – Alain Berset, secrétaire général du Conseil de l’Europe, et Luc Frieden, premier ministre du Luxembourg – étaient invitées fin février par l’UNIGE pour partager leur analyse des défis majeurs auxquels l’Europe est confrontée. Retour.

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De gauche à droite: Christine Kaddous, directricedu Centre d'études juridiques européennes; Luc Frieden, Premier ministre du Luxembourg; Audrey Leuba, rectrice de l'UNIGE; Nathalie Fontanet,présidente du Conseil d’État. Image: F. Scotti/UNIGE

Le 24 février dernier, à la Maison de la Paix, l’ancien conseiller fédéral Alain Berset, actuel secrétaire général du Conseil de l’Europe, donnait une conférence visant à mettre en lumière le rôle de cette institution dans la défense des valeurs fondamentales qui unissent le continent: les droits humains, la démocratie et l’état de droit. Le 26février, c’était au tour du premier ministre du Luxembourg, Luc Frieden, de livrer, à Uni Mail, une analyse approfondie des menaces pesant sur le Vieux Continent, notamment en termes de sécurité, de démocratie et de prospérité.

Les deux orateurs ont souligné l’impact de la guerre en Ukraine sur la stabilité du continent. Alain Berset a rappelé que ce conflit, qui dure depuis 2014, constitue une violation flagrante du droit international et nous place dans un monde «dans lequel le niveau d’impunité n’a jamais été aussi élevé depuis des décennies». Luc Frieden a, de son côté, mis en garde contre les conséquences d’une paix imposée sans garanties de sécurité: «Un cessez-le-feu sans une paix durable et juste serait une catastrophe pour l’Europe.» Tous deux ont mis l’accent sur la nécessité de maintenir un soutien constant à l’Ukraine, afin d’éviter que la loi du plus fort ne prenne le pas sur le droit international. Luc Frieden a notamment insisté sur le fait que la Russie, sous la présidence de Vladimir Poutine, représente une menace existentielle pour l’Europe et que l’Union européenne doit jouer un rôle central dans les négociations à venir.

Démocratie et libertés en danger
Les deux intervenants ont également souligné le recul de la démocratie et des libertés fondamentales en Europe. L’ancien conseiller fédéral s’est ainsi étonné des propos du vice-président américain J.D. Vance lors de la Conférence de Munich, qui affirmait que la liberté d’expression n’était plus garantie sur le continent. «Je m’attendais à tout comme critique envers l’Europe, mais pas à cela», a-t-il réagi. Dans un tel contexte, Alain Berset a appelé à renforcer les espaces de débat et de discussion, condition essentielle à la vitalité démocratique. «La fin du débat ne signifie rien de plus, rien de moins que la fin de la démocratie», a-t-il averti. Le premier ministre luxembourgeois a, quant à lui, mis en garde contre la montée des extrémismes et des populismes qui menacent l’unité européenne et ses valeurs fondamentales. Il a appelé à l’union des pays partageant ces valeurs afin de résister aux tentations autoritaires et aux remises en cause du multilatéralisme.

Alain Berset, secrétaire général du Conseil de l’Europe, a pris la parole le 24 février à la Maison de la Paix, accueilli par Audrey Leuba, rectrice de l'UNIGE. Image: B. Palefroy/Geneva Graduate Institute


Face à la compétition mondiale

Sur le plan économique, Luc Frieden a relevé la perte de compétitivité du continent face aux États-Unis et à la Chine, demandant en réponse un investissement accru dans l’innovation et les énergies renouvelables, ainsi qu’une meilleure exploitation du marché unique. «L’Europe doit devenir plus compétitive, investir dans l’innovation et utiliser pleinement ses ressources», a-t-il asséné. Alain Berset a, pour sa part, rappelé que la prospérité européenne repose en partie sur la capacité à défendre des règles équitables dans les relations commerciales internationales.

La question de la sécurité et de la défense a occupé une place centrale dans les deux discours. Dans ce domaine, Luc Frieden a plaidé pour une plus grande autonomie de l’Europe en matière militaire, incluant, à long terme, la création d’une armée européenne et une meilleure interopérabilité des forces armées. Alain Berset a, de son côté, insisté sur l’importance des institutions internationales et des alliances en vue de préserver la stabilité et de garantir la résolution des conflits dans un cadre juridique.

Un appel à l’optimisme et à l’action
Malgré l’ampleur des défis à relever, les deux dirigeants ont terminé leur intervention sur une note d’espoir. Luc Frieden a rappelé que l’Europe a toujours su surmonter les crises et en ressortir plus forte. «L’histoire a été faite par les hommes, l’avenir sera aussi construit par des hommes de bonne volonté», a-t-il conclu. Quant à Alain Berset, il a terminé son allocution en citant Winston Churchill: «La Société des Nations n’a pas échoué en raison de ses principes, mais parce que ces principes ont été abandonnés par les États qui l’avaient fondée.» Un avertissement clair contre toute velléité de renoncement aux valeurs constitutives de l’identité européenne.

(Alain Berset, 24février 2025)

(Luc Frieden, 26 février 2025)


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