AV����Ƶ

��

Âgé de 58 ans, Pierre Krähenbühl est, depuis le 1^er avril 2024, chargé de diriger les activités humanitaires mondiales du . Celles-ci reposent sur 18’000 collaborateurs et collaboratrices réparti-es dans une centaine de pays et bénéficient d’un budget annuel de quelque 2,1 milliards de dollars. Le nouveau directeur général prend ses fonctions alors que l’organisation sort de deux années de crise financière et budgétaire qui l’ont contrainte à définir une nouvelle stratégie. «Le nouveau CICR est un CICR qui met au cœur de son action les gens qui vivent l’horreur de la guerre, que ce soit en Ukraine, à Gaza ou au Soudan, expliquait récemment Pierre Krähenbühl à . La seule mission du CICR est de se concentrer sur le sort de ces populations, d’intervenir en faveur de leur soutien et de dire l’importance d’un plus grand respect du droit international humanitaire. C’est le plus beau mandat et aussi le plus difficile, et c’est sur cela que nous devons nous concentrer.»

Préserver la dignité humaine
Le mandat du CICR – créé en 1863 – découle essentiellement des Conventions de Genève de 1949 qui, avec leurs Protocoles additionnels, constituent le cœur du droit international humanitaire. Dans , l’organisation humanitaire rappelle que ces textes fixent des limites au combat et protègent celles et ceux qui n’y participent pas ainsi que celles et ceux qui ne sont plus en mesure d’y prendre part. Ainsi, toutes les précautions possibles doivent être prises pour épargner la population civile et les biens indispensables à sa survie; il est interdit de soumettre les détenu-es à des actes de torture ou à d’autres mauvais traitements; le personnel médical doit toujours être autorisé à effectuer son travail. Le CICR insiste: «Respecter le droit international humanitaire consiste à faire des choix qui préservent un minimum de dignité humaine en temps de guerre. Il permet qu’une fois la dernière balle tirée, il soit de nouveau possible de vivre ensemble.»

Lors de sa conférence, Pierre Krähenbühl évoquera les défis et dilemmes auxquels fait face le CICR dans un contexte où la prolifération des conflits armés dans le monde et leurs conséquences humaines dramatiques questionnent la pertinence de l’action et du droit international humanitaires. Ce à quoi s’ajoute une mobilisation insuffisante pour le respect du droit international humanitaire et pour une remise en question de la neutralité de l’institution basée à Genève.
��
Sur les , Pierre Krähenbühl appelle également à un renforcement de l’action politique, alors que le système international peine à prévenir et surtout à résoudre les conflits: «Que ce soit en République démocratique du Congo, en Somalie, au Yémen ou en Afghanistan, les conflits sont de très longue durée. Ce n’était pas l’idée de départ que les humanitaires soient présents durant trois, quatre, cinq et parfois sept décennies comme c’est le cas dans le contexte Israël-Palestine. Il faut une action politique beaucoup plus déterminée et résolue pour apporter des solutions à ces conflits de longue durée.»

Une carrière dans le secteur humanitaire
Pierre Krähenbühl est titulaire d’une Maîtrise en sciences politiques et en relations internationales de l’UNIGE et de l’Institut universitaire de hautes études internationales (IUHEI). Il a consacré plus de trente ans au secteur humanitaire, dont vingt-cinq à des postes de premier plan au CICR dans les délégations et au siège. Il a notamment été conseiller personnel du président du CICR de 2000 à 2002, puis directeur des opérations entre 2002 et 2014. Précédemment, il avait effectué diverses missions opérationnelles au Salvador, au Pérou, en Afghanistan ainsi qu’en Bosnie-Herzégovine (1991-1998), et avait été chef des opérations basé à Genève pour l’Europe centrale et du Sud-Est (1998-2000).

En 2014, Pierre Krähenbühl rejoint l’ONU pour y diriger l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), poste duquel il démissionne fin 2019 à la suite de graves accusations portées à son encontre dont il sera blanchi par une enquête interne de l’ONU. En mai 2021, Pierre Krähenbühl retrouve le CICR en qualité de représentant du CICR en Chine, puis de chef de la délégation régionale pour l’Asie de l’Est. En 2023, il devient secrétaire général de l’Assemblée au CICR, avant d’être nommé comme directeur général du CICR en décembre 2023.