Réinventer l'alpinisme à l'heure du changement climatique
Le culte de la performance pousse toujours plus d'adeptes vers les points culminants du globe, alors que le changement climatique touche de plein fouet la montagne. Même les grimpeurs amateurs semblent priser la distinction, en ciblant les cimes les plus emblématiques, comme l'observe Bernard Debarbieux, professeur de géographie et d'aménagement du territoire à l'±«²Ô¾±±¹±ð°ù²õ¾±³Ùé de Genève. Interviewé par Le Temps, Bernard Debarbieux fait ce constat : "La pratique de l'alpinisme plafonne en termes d'attractivité en Suisse, en France et en Italie, mais les guides témoignent d'une volonté croissante de leurs clients de faire les points culminants, quand bien même on ne connaîtrait rien à cette culture. Aujourd'hui, c'est le one shot qui attire, pour faire tel sommet emblématique, alors que la fréquentation de ceux alentour diminue."
La dimension culturelle de l'alpinisme a été reconnue internationalement en 2019, lorsque l'alpinisme est entré au patrimoine culturel immatériel de l'. Bernard Debarbieux en a retracé la genèse dans  (Éd. Paulsen), alors qu'il devenait urgent pour les amoureux de la montagne de définir le cadre : l'alpinisme est-il un sport, un style de pratique, une philosophie ? "Pour les porteurs de projet de cette inscription, la tradition de l'alpinisme est de passer par une série d'étapes permettant d'acquérir les savoir-faire, mais aussi une culture de la montagne. C'est une expérience intérieure, privée, mais qui parle peu à la plupart des gens qui veulent aller sur le Mont-Blanc", récapitule le professeur de géographie.
Directeur de la collection Guérin des Éditions Paulsen et familier des glaciers depuis quarante ans, Charlie Buffet résume la crise actuelle : "Il y a deux endroits au monde où les effets du réchauffement sont les plus spectaculaires : les pôles et la haute montagne. Et cette dernière n'a plus le même paysage, se désole-t-il. On y croise aussi deux mondes qui ne se parlent plus : ceux qui sont dans un climato-dénialisme, le déni du réchauffement devenu pourtant évident, et ceux qui contribuent à réinventer cet art de vivre qu'est l'alpinisme. Il s'agit surtout de jeunes, qui inventent des nouveaux voyages et se posent la question de leur empreinte carbone. Leur pratique va prendre de l'ampleur, qu'elle soit choisie ou imposée brutalement par la crise qui nous attend."
Pour en savoir plus sur ce sujet, vous pouvez lire l' publié le 8 décembre 2024 dans Le Temps. L'article est accessible sur le site web du journal pour les personnes abonnées.
16 décembre 2024Actualités 2024