Analyse critique et décoloniale de « la participation » à la lumière de la psychologie socioculturelle
Marwa Mahmoud, Equipe I-ACT, RIFT, Université de Genève
Thèse soutenue le 19 juin 2024 à l'Université de Lausanne
Résumé de la thèse
La notion de participation citoyenne ou communautaire, le fait de « faire participer » des personnes et des communautés à des projets ou dispositifs qui les concernent, peut être considéré aujourd’hui comme l’un des axes importants du cheminement vers une justice sociale dans les sociétés démocratiques. Lorsqu’elle se déploie en pratique, la participation est toutefois traversée par un paradoxe entre intention d’empowerer et le fait que la pratique puisse reproduire des rapports de pouvoir, voire de domination. Ce travail a souhaité apporter de la lumière et approfondir l’analyse de ce paradoxe, depuis une approche socioculturelle en psychologie.
À partir de l’analyse d’un dispositif de formation participatif adressé à des personnes dites issues de l’immigration, puis de celle de la pratique de médiatrices interculturelles (considérées comme l’une des figures clés de la participation dans le domaine de la migration), ce travail mène une analyse critique de ce qui sous-tend la pratique de la participation dans ce domaine. La démarche d’analyse critique, basée sur une forme de théorisation ancrée, a consisté à introduire dans l’analyse, pas après pas, de nouvelles notions qui éclairaient ce qui sous-tend ce paradoxe. De ce fait, l’approche décoloniale et ses concepts ont été intégrés dans l’analyse critique du paradoxe.
Ce travail met en évidence les rapports de domination essentiellement épistémiques - eux-mêmes historiquement ancrés et sous-tendus par un rapport problématique à l’altérité - comme étant au cœur de ce paradoxe. De même, ce travail contribue à élargir l’approche socioculturelle en psychologie en l’articulant à la pensée décoloniale. Conjointement, elles permettent de penser une des manières de « faire participer » ce qui peut être considéré comme une « altérité » (par rapport à des normes implicites) en recherche et en formation, qui prendrait en compte la justice cognitive et qui se baserait sur un pluralisme ontologique de la connaissance.
Co-directrices de la thèse :
Nathalie Muller Mirza, Faculté de psychologie et sciences de l’éducation, Université de Genève
Eva Green, Institut de Psychologie, Université de Lausanne
Jury de thèse :
Maryvonne Charmillot, Faculté de psychologie et sciences de l’éducation, Université de Genève
María Del Río Carral, Institut de Psychologie, Université de Lausanne
Alessio Surian, Département de philosophie, sociologie, éducation et psychologie appliquée, Université de Padoue