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Décembre 2024 (n°35)

Les pratiques épistémiques et les interactions sociales dans les contextes de travail et de formation | 29-30.08.2024

RETOUR SUR UN WORKSHOP INTERNATIONAL DE RECHERCHE

Par Léa Beaud, RIFT, Université de Genève

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Le 29 et 30 août 2024 s’est déroulé à Genève un workshop international portant sur une méthode spécifique de recherche et de formation intitulée « analyse collective des interactions » ou « data session ». Il s’agit d’une méthode d’analyse collective de données. Ensemble, un groupe de professionnels ou de chercheurs analysent des données vidéos sous un angle interactionnel. Ceci leur permet de se former sur les interactions et les compétences exigées ou d’identifier des éléments d’analyse dans une visée de recherche. Ce workshop a été organisé dans le cadre des activités du Groupe Romand d’Analyse des Interactions en lien avec le Travail (/fapse/granit/) par le Professeur Laurent Filliettaz et la Professeure Evelyne Berger. Il s’est inscrit dans le cadre d’un programme de recherche soutenu par le Fonds National Suisse de la Recherche Scientifique (FNRS) et est actuellement mené par deux équipes de recherche appartenant à l'Université de Genève et à la Haute Ecole de Soins infirmiers de La Source à Lausanne. Intitulé « l'analyse des interactions comme méthode de formation et de développement professionnel : une étude comparative dans les domaines de l'éducation et de la santé », le programme de recherche vise à mieux comprendre comment la méthodologie de la « data session » peut être utilisée comme ressource pédagogique pour la formation initiale et continue des professionnel·e·s travaillant dans le secteur des soins et de l’éducation.

 

Lors de ce workshop, plusieurs spécialistes venant de différents pays ont été invités à partager leurs travaux et leur expertise sur cette méthode d’analyse collective des données. Le workshop s’est concentré sur la question des savoirs et des enjeux épistémiques mobilisés par les participants lors de ces méthodes d’analyse. workshop epistemics1 recadre.jpgSix présentations se sont succédées sur ces deux jours, avec l’invitation de quatre chercheurs et chercheuses externes : Paul Drew, Vivien Heller, Jon Hindmarsch et Monika Nerland. Des données de plusieurs contextes professionnels ont été examinées : les soins intensifs en néonatalogie, l’éducation de la petite enfance, la formation supérieure, les soins infirmiers, l’enseignement en milieu scolaire et la formation à la pratique de l’escalade. Ce workshop a permis au groupe d’explorer de nouveaux éléments de la méthode d’analyse collective des interactions en fonction de contextes singuliers et d’expérimenter la démarche lors de temps dédiés pendant le workshop à une analyse collective des interactions sur les données partagées par les présentateur·rice·s.

 

workshop epistemics2 recadre.jpgPlusieurs éléments saillants ont été mis en avant par les chercheur·se·s. Par exemple, ces méthodes d’analyse permettent aux professionnel·le·s de pouvoir discuter de leur travail de manière collective sur la base d’extraits vidéos réels. En effet, ils/elles rencontrent peu d’occasions de pouvoir échanger à propos de leur travail sur la base de ces traces. De plus, ils/elles mobilisent différents outils, comme la vidéo ou l’utilisation d’une transcription des extraits vidéos analysés, qui facilitent le réparage de certains savoirs liés aux interactions et leur partage au sein du groupe. Finalement, les participant·e·s prennent certaines précautions lorsqu’ils/elles partagent des réflexions ou qu’ils/elles décrivent ce qu’il se passe dans la situation. Certain·e·s chercheur·se·s pendant le workshop ont parlé d’ « incertitudes épistémiques » : les participant·e·s font attention quand ils/elles partagent des éléments liés aux savoirs.

 

Le workshop s’est clôturé par des réflexions plus générales sur l’émergence des savoirs par les participants à ces analyses collectives des interactions.

 

2 déc. 2024

Décembre 2024 (n°35)