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Les enjeux de la participation en formation aux compétences de base autour du numérique : l'impact du processus réflexif sur les pratiques de formation | Nathalie Muller Mirza, Daniele Beltrametti, Jessica Belperroud (±«²Ô¾±±¹±ð°ù²õ¾±³Ùé de Genève) | 08.04.2025

RETOUR SUR LA CONFERENCE DU 8 AVRIL 2025

Par Elleke Ketelaar, RIFT, Université de Genève

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Dans le cadre du cycle de conférences RIFT consacré à la participation, les membres de l’équipe I-ACT Daniele Beltrametti, Jessica Belperroud et Nathalie Muller Mirza ont présenté les principes « participatifs » du projet DORA (Défis et Opportunités du Numérique en formation de base des adultes) ainsi que quelques résultats de cette recherche-action.

En lien avec la thématique du cycle sur la participation, les conférencières et le conférencier ont mis en évidence les multiples dimensions participatives du projet DORA. Cette recherche-action a en effet impliqué la participation d’un large éventail d’acteur-rices (des représentant-es des autorités publiques aux professionnel-les des institutions de formation) œuvrant dans le domaine de la formation de base en Suisse romande. Le projet vise à encourager la participation active des personnes adultes à l’usage du numérique en formation, afin de favoriser leur engagement dans la société.

L’un des points de départ du projet a été la définition des axes de travail, élaborée en collaboration avec les acteur-rices du champ de la formation de base. Deux axes principaux ont ainsi été définis en concertation :

  1. L’analyse des besoins numériques des personnes en formation ;
  2. L’évaluation de l’impact du numérique sur les apprentissages – thématique centrale de la conférence.

La conférence a davantage porté sur le deuxième axe. Dans une démarche itérative, les chercheur-es ont co-construit avec les formateur-rices un outil d’analyse réflexive visant à documenter l’impact du numérique dans les cours. Ce dispositif, basé sur l’expérimentation comparée d’activités numériques et non numériques, avait pour objectif de nourrir une réflexion pédagogique sur les effets du numérique en contexte de formation de base.

Concrètement, dans un processus de négociation et de co-construction avec l’équipe universitaire, les formateur-rices ont conçu et mis en œuvre deux types d’activités (l’une avec le numérique, l’autre sans), ont réalisé une évaluation « à chaud » avec les participant-es, ont tenu un journal de bord documentant ces séquences, puis ont mené une évaluation « à froid » après la réalisation de l’ensemble du processus. Ces expérimentations ont été suivies de séances collectives d’échanges de pratiques, durant lesquelles les formateur-rices ont partagé leurs retours d’expérience, identifié les limites du dispositif, proposé des adaptations et nourri une réflexion collective particulièrement riche.

L’équipe de recherche a ensuite structuré l’analyse en s’appuyant sur deux modèles théoriques :

  • Le modèle TAM (Technology Acceptance Model), qui évalue la perception et l’acceptation d’un outil technologique. Les résultats montrent qu’aucun des deux types d’activité (avec ou sans numérique) ne suscite davantage de plaisir, de sentiment de compétence ou de bénéfices d’apprentissage. Il n’est donc pas possible de généraliser l’impact du numérique en tant que tel.
  • Le modèle ASPID, mobilisé lors de la planification des cours et de l’analyse des journaux de bord. Ce modèle distingue plusieurs niveaux d’intégration du numérique : Adoption, Substitution, Progrès, Innovation et aussi Détérioration. Pour de nombreuses personnes en situation de formation, ce cadre a permis une évolution de leur regard sur le numérique, les amenant parfois à passer d’une perception de simple substitution à une reconnaissance d’un véritable progrès pédagogique – ou à conclure que l’usage du numérique peut entraîner une détérioration du processus d’apprentissage.

Enfin, les intervenant-es ont proposé une réflexion plus générale sur les enjeux de la participation, à partir de leur expérience dans le projet DORA. Elles ont notamment souligné que :

  • Soutenir la participation suppose un travail de dialogue, de négociation et une attention particulière aux rapports de pouvoir ;
  • Participer à une recherche exige des ressources (temps, financement, disponibilité) ;
  • Le travail collectif permet de dépasser les représentations initiales, de construire des visions partagées et d’initier de nouvelles pratiques ;
  • L’implication active des acteur-rices favorise l’évolution des postures professionnelles et les changements dans les pratiques ;
  • Le numérique peut constituer une « porte d’entrée » pertinente pour encourager la participation.

L’équipe de recherche continuera à diffuser les autres résultats du projet DORA dans les mois à venir. En plus de la page internet de l’équipe I-ACT (/fapse/i-act/recherches-et-theses-en-cours/dora), une page est également accessible à l’adresse , où sont présentés le projet, ses productions et les résultats obtenus jusqu’à présent. Il est aussi possible de suivre l’actualité du projet en s’inscrivant à l’infolettre DORA, sur simple demande par courriel à l’adresse suivante : dora(at)unige.ch. Enfin, un colloque de clôture a eu lieu le 23 mai, de 9h à 16h30, à l’Université ouvrière de Genève.

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La recherche-action DORA initiée par l’équipe I-ACT du secteur de la Formation des adultes de l’Université de Genève a permis de développer deux axes de recherche participative autour de la thématique des compétences numériques de base pour des publics peu ou pas scolarisés, l’un orienté vers l’analyse des besoins et des pratiques réelles de ces publics et l’autre vers les dispositifs de formation. La recherche dans son ensemble a été conçue et pilotée dans une perspective participative avec onze institutions actives dans le secteur de la formation aux compétences de base des adultes en Suisse Romande, dont notamment des prestataires de formation et des autorités publiques financeurs de cours.

La conférence débutera avec un aperçu général de la recherche et ses assises théoriques, pour se concentrer ensuite sur la présentation du deuxième axe qui a permis de concevoir et expérimenter un dispositif d’analyse réflexive partagée, conçu avec et pour les formateur·trices et visant la participation active des adultes. Son but est d’outiller les différents acteurs sur l’impact de la mobilisation du numérique en formation aux compétences de base. Seront notamment présentées les modalités de création et d’expérimentation du dispositif, les principaux résultats obtenus et les difficultés rencontrées dans la démarche, avec un accent sur son caractère participatif visant à renforcer l’engagement et le pouvoir d’agir des acteurs en présence.

Nathalie Muller Mirza est professeure associée à l’Université de Genève. Elle dirige l’équipe Identités et apprentissages en contextes de transition en Formation des adultes. Adoptant une approche socioculturelle, elle étudie l’activité d’apprendre en prenant en compte les dynamiques relationnelles, identitaires et sociomatérielles, dans différents contextes de formation et auprès de personnes en transition. Elle dirige avec Daniele Beltrametti la recherche DORA.

Daniele Beltrametti est chargé d’enseignement à l’Université de Genève depuis 2019. Spécialisé dans le domaine de la formation des adultes aux compétences de base, il a travaillé pour la formation du personnel en EMS, ensuite pour la Ville de Lausanne (comme référent pour le dispositif de la CIFEA) et comme directeur de l’Université Populaire du Canton de Genève. Coordinateur du réseau de la Coordination romande pour la formation de base depuis 2017, il a initié le projet de recherche DORA en 2022 avec Nathalie Muller Mirza et Jessica Belperroud.

Jessica Belperroud a obtenu le Master en formation des adultes à l’Université de Genève en 2022. Depuis Jessica s’est engagée dans plusieurs emplois dans le domaine de la formation aux compétences de base des adultes. Elle travaille comme collaboratrice scientifique pour la recherche-action sur les défis et opportunités du numérique en formation de base (DORA), elle est formatrice à l’Association Lire et Écrire pour la région lausannoise et coordonne les communautés de pratiques de la CRFBA (Coordination Romande pour la Formation de Base des Adultes) dans les domaines de l’alphabétisation des adultes, de la numératie et de l’usage du numérique en formation.

7 oct. 2024

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