Dr. Soriano Cristina
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J'étudie le langage des émotions dans différentes langues et cultures, c'est-à-dire la manière dont les gens autour du monde parlent de leurs émotions et les expriment verbalement. Je m'intéresse au langage littéral et métaphorique. Par exemple, j'ai étudié la signification des noms des émotions dans différentes langues (comme "colère", "anger", "enfado", ou "Wut") et les expressions métaphoriques que nous utilisons pour parler de nos sentiments (comme "boil with anger" ou "péter les plombs"). Je m'intéresse à des questions telles que : Qu'est-ce que le langage nous dit sur la façon dont nous comprenons les émotions ? Dans quelle mesure le langage des émotions est-il universel ou spécifique à une culture ? Quel effet produit-il sur les personnes ? J'utilise des méthodes issues de la linguistique et de la psychologie pour aborder ces questions, en visant une fertilisation croisée des disciplines.
I investigate the language of emotion in different languages and cultures, namely, how people around the world speak about their emotions and express them verbally. I look at both literal and metaphorical expressions. For example, I have studied the meaning of emotion names in different languages (like “anger” “colère” “enfado”, “Wut”) and the metaphorical expressions we use to refer to our feelings (like “boullir de rage” or “flip one’s lid”). I am interested in questions like: What does language tell us about the way we understand emotions? To what extent is emotion language universal or else culture-specific? What effect does this language have on people? I use methods from linguistics and psychology to tackle these questions, aiming for disciplinary cross-fertilization.
Si ma recherche était une œuvre d’art, ce serait…
If my research was a work of art, it would be…
Elegía a Ramón Sijé, Miguel Hernández
(En Orihuela, su pueblo y el mío, se me ha (10 de enero de 1936) |
Hernández, Miguel (1982 [1936]).
“Elegía”. In El Rayo Que No Cesa (10th ed.) (pp. 73-76). Madrid: Espasa Calpe.
J'ai choisi cette œuvre d'art parce qu'elle illustre les défis de la traduction des émotions. Ce poème dévastateur a été écrit par le poète espagnol Miguel Hernández en 1936, à l'annonce de la mort de son ami Ramón Sijé. Miguel et Ramón sont tous deux nés et ont grandi dans le même village - Orihuela - où ils ont nourri ensemble leur passion pour la littérature. Orihuela est très proche de mon lieu de naissance, et si je ferme les yeux, je peux voir les paysages décrits dans ce poème. La lecture de cette élégie me fait inévitablement pleurer. Il décrit, non, il matérialise réellement la tristesse. Mais aussi le désespoir, la colère, la tendresse et l’espoir. C'est une interprétation artistique magistrale de ce que la psychologie populaire pourrait appeler les "étapes du deuil", exprimée en mots, en images et en rythme pour que tout le monde puisse la ressentir. Ou peut-être pas tout le monde, car les traductions dans d'autres langues peuvent préserver certaines des images, mais perdent la qualité sonore de l'original, le rythme, l'ordre des mots et ses effets, ainsi que les connotations des mots originaux. Dans quelle mesure pouvons-nous traduire l'expérience affective que le langage exprime et suscite ?
I have chosen this work of art because it illustrates the challenges of translating emotion. This devastating poem was written by Spanish poet Miguel Hernández in 1936, upon hearing about the death of his friend Ramón Sijé. Both Miguel and Ramón were born and raised in the same village – Orihuela – where they developed their passion for literature together. Orihuela is very close to where I was born, and if I close my eyes, I can see the landscapes described in this poem. Reading this elegy inevitably makes me cry. It describes, no, it actually materializes sadness. But also despair, anger, tenderness and hope. It’s a masterful artistic rendering of what folk psychology may call the “stages of grief”, expressed in word, image and rhythm for anyone to feel. Or maybe not anyone, since translations into other languages may preserve some of the images, but lose the sound quality of the original, the rhythm, the word order and its effects, as well as the connotations of the original words. To what extent can we translate the affective experience that language expresses and elicits?