Quand la littérature flirte avec l'IA

Cette année, des œuvres littéraires écrites, en partie ou entièrement, par une intelligence artificielle ont été primées en remportant coup sur coup le prix Akutagawa, le plus prestigieux du Japon, et le 2e prix du concours de science-fiction de Jiangsu en Chine. De quoi raviver la crainte du grand remplacement de l’humain par la machine. Une idée ancienne à laquelle Christine Weder, professeure de littérature allemande moderne (Faculté des lettres), ne souscrit pas, préférant voir dans l’émergence de l’IA l’opportunité de développer de nouvelles pistes créatives. Ce qui fait l’objet d’un séminaire organisé ce semestre durant lequel les participants et participantes ont pu interagir avec l’IA pour produire une œuvre littéraire de leur choix. Le résultat de ces expériences sera présenté en janvier lors d’un cours ouvert au public.
«À première vue, ces deux mondes semblent éloignés l’un de l’autre, car l’écriture littéraire est encore perçue comme un bastion de
la créativité humaine, constate la germaniste. Mais ChatGPT est désormais capable de générer des poèmes, des intrigues, des romans d’amour ou même des récits à la manière d’un auteur connu comme Kafka.»
Christine Weder ne croit pas pour autant que le domaine de la production littéraire sera un jour entièrement entre les mains des IA. Une collaboration accrue avec ces nouveaux outils est plus probable. «Aujourd’hui, les contenus générés sont encore imparfaits, remplis
de clichés, mais ils permettent de donner une direction aux auteurs, de les bousculer, de leur proposer d’autres possibilités scénaristiques», fait-elle remarquer. Ce qu’on appelle la littérature moderne remonte jusqu’au XVIe siècle. Avec cette thématique, nous entrons de plain-pied dans le présent et dans ce qui constituera probablement notre futur.»